Numéro un mondial de tennis fauteuil, triple champion paralympique de la discipline en double et vainqueur de 24 tournois du Grand Chelem… Depuis 2005, Stéphane Houdet remporte les titres.
Ce vétérinaire de formation, compétiteur dans l’âme, participera aux Jeux paralympiques de Paris 2024 avec l’ambition de décrocher une médaille.
Si la vie ne tient qu’à un fil, Stéphane Houdet a su s’y accrocher pour se hisser au sommet. En 1996, alors en plein projet pour devenir vétérinaire libéral, il est victime d’un accident de la route qui le prive de l’usage de sa jambe gauche. « Quand je me suis réveillé après 15 jours de coma, je n’arrivais pas à mettre ma cuillère dans la bouche, je passais à côté. Mon objectif était plutôt de réussir cette bouchée que de taper dans une balle ou tenir une raquette », raconte-t-il.
Malgré les difficultés liées à l’usage de sa jambe, il continue dans son projet d’installation vétérinaire, s’orientant désormais vers l’activité canine, moins exigeante physiquement. « Je travaillais sur les aplombs des bovins et j’ai choisi de basculer vers les études de marché, notamment les implantations de cliniques vétérinaires à activité canine ». Deux ans seulement après son accident, il obtient sa thèse et ouvre sa propre clinique.
« Il fallait que je retrouve l’enfant compétiteur que j’étais »
Lui qui, enfant, rêvait de devenir sportif de haut niveau, s’essaie alors au bridge puis au golf, où il remporte ses premières victoires sportives. « Je pensais que pour parfaire ma reconstruction il fallait que je retrouve l’enfant compétiteur, plutôt vainqueur, que j’étais et que ça passait probablement par le sport ». C’est à la faveur d’une rencontre que tout s’enchaine. En décembre 2004, il décide de se faire amputer après avoir échangé avec un joueur portant une prothèse. Un « cadeau de Noël » qui lui permet de retrouver une certaine mobilité. L’année suivante, il fait la connaissance du footballeur international Johan Cruyff, engagé dans le développement du sport pour les enfants en situation de handicap. Stéphane Houdet découvre ainsi le tennis en fauteuil roulant. « J’ai tout de suite été séduit par ce sport qui me semblait passionnant à jouer en fauteuil, explique-t-il. Il fallait absolument que je l’essaie. » Cette discipline, le tennis fauteuil, il ne l’a plus jamais quittée depuis.
Son expérience de vétérinaire n’est jamais loin
Natif de Saint-Nazaire, Stéphane Houdet est sportif professionnel depuis 2005, mais son expérience de vétérinaire n’est jamais loin. Elle le guide dans ses choix et sa façon d’appréhender le sport. « Cette formation, cette culture de l’apprentissage est un moteur au quotidien. Dans mon tennis j’ai gardé cela. À la suite d’un accident, on est très souvent confronté à un monde du non, de l’impossible. Donc je vais chercher des solutions. On retrouve tous les volets du métier à savoir poser un diagnostic, proposer un traitement, faire de la prévention ».
Son fauteuil, véritable bijou d’innovation, en est l’exemple parfait. Afin d’améliorer son mouvement, il s’est entouré d’un collège de compétences pour créer un modèle adapté à son handicap. « C’est aussi notre formation, d’aller piocher à droite, à gauche des compétences, de les réunir pour faire quelque chose de plus performant, de plus efficient et souvent de plus international : on va chercher partout dans le monde les gens qui ont déjà réussi dans tel ou tel domaine ».
Ces recherches lui ont permis d’être le premier tennisman à jouer à genoux et non assis. Son prochain objectif ? Développer un fauteuil plus léger, de moins de 6 kg. En attendant, son aventure passera par les Jeux Paralympiques de Paris 2024, avec un objectif clair : aller « chercher les métaux les plus précieux ! »