L’école de bergers de Rambouillet : une longue histoire d’enseignement zootechnique et agricole à la Bergerie nationale de Rambouillet (1794 à nos jours)
En 2024, la Bergerie nationale de Rambouillet célèbre deux dates anniversaires :
la première est celle du lancement du chantier de la ferme par Louis XVI, il y a 230 ans ;
la seconde : le 15 mars 1794, correspond à l’ouverture de la première école de bergers en France à la Bergerie nationale de Rambouillet.
Son but est de former les bergers des grandes plaines céréalières à l’élevage de mouton mérinos et aux nouvelles pratiques agricoles (telle que la prairie artificielle, de la suppression de la jachère et de l’adoption du mérinos).
Malgré son rôle symbolique très important d’école pionnière, il est difficile d’en faire l’histoire. Elle a fonctionné de la Révolution à la Restauration (1794-vers 1820).
La Bergerie accueillait 5 à 10 élèves, qui apprenaient “sur le tas” au contact des bergers ayant eux-mêmes appris leur métier à Montbard, chez Daubenton, et des bergers espagnols ayant conduits le troupeau de mérinos à Rambouillet en 1786.
L’accueil à Rambouillet est pris en charge par l’Etat, mais le voyage jusqu’à l’école reste au frais des éleveurs. Peu d’élèves ont fréquenté l’établissement pour de multiples raisons qu’il faudrait expliquer plus longuement. En 1819, on apprend par exemple que "La garde des troupeaux est confiée en grande partie à des enfants à des vieillards, ou à des espèces d’hommes ignares, à demi imbéciles ; il ne faut donc pas s’attendre à trouver dans l’arrondissement de Dijon des propriétaires qui feront des sacrifices pour envoyer des bergers à Rambouillet" (réf. 1) . L’un des enjeux de l’école était donc aussi de redorer le métier de berger par une éducation dans un lieu prestigieux et une professionnalisation. Le maître-berger François Delorme devait être le principal “formateur” de (1786-v. 1801), aux côtés de François Grelet. A la même période, Rambouillet devient une bergerie de reproducteurs, et lors des ventes aux enchères, l’Etat diffuse le mérinos et fixe le cours de la laine à l’échelle nationale.
S’il paraît difficile de parler d’ "enseignement agricole" pour cette époque, il paraît évident aujourd’hui que l’école de bergers de Rambouillet a joué un rôle comme carrefour des savoirs et des techniques agricoles et zootechniques, aux côtés des écoles vétérinaires de Lyon (1761) et d’Alfort (1765), l’école agronomique de Grignon (1826) et forestière de Nancy (1824). Il y a une différence importante entre ces établissements puisque Rambouillet est la seule à proposer une formation pour les "ouvriers agricoles" et non pour les grands cadres de l’administration française de l’agriculture.
Une deuxième école voit le jour entre 1871 et 1895 et il faut attendre 1921, pour qu’une nouvelle école saisonnière de bergers soit créée. Elle devient permanente en 1926 et renforcée par l’Union Ovine en 1929, avant de devenir l’école nationale ovine à l’origine du Centre d’Enseignement Zootechnique (1955) toujours en activité.
Depuis les années 1990, au moment de la réunion des lycées agricoles aux Régions, les formations ovines ont disparu de l’enseignement du CEZ de Rambouillet. Longtemps réputée pour sa formation sur l’insémination artificielle, elle continue à transmettre un savoir-faire aux inséminateurs. Et l’établissement propose une série de formations équestre et portée sur l’agroécologie, les métiers du cheval et de l’élevage ou du transport d’animaux vivants.